Un jour de pluie, mon cœur a commencé à ralentir. Il était tellement triste depuis des années et des vies, qu'il n'arrivait plus à trouver la force de battre, à force de se battre. Il restait sous la pluie, pour être sûr que personne ne le voit. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m'a dit qu'il voulait chanter l'Amour, que c'était sa seule raison d'être ici bas. Qu'il avait fait le tour de la Terre, mais qu'il n'en voyait pas qui durait dans ce monde. Pas un Amour avec un grand A. Alors, il m'expliqua qu'il avait fini par croire que ça n'existait pas. À l'abri des regards de ce monde qui ne comprenait pas la profondeur paralysante de sa douleur et sa vision de la mort qui n'était qu'un passage... Je lui ai dit très calmement que la vie est simple et que nous avions deux choix :
Soit je le laissais continuer de pleurer, et il ralentirait entre les sanglots jusqu'à ce qu'il s'arrête de battre... Certes, il rentrerait enfin à la maison comme il me le réclamait tant. Mais alors, ce serait aussi la fin de cette expérience terrestre... Elle aura été riche, mais tellement triste sous la pluie. Incompréhensible. Douloureuse. Froide. Invisible. Gaspillée. Courte. Je lui précisais qu'il n'aurait peut-être même plus l'occasion de revenir sur cette planète bleue, car il était libre et n'avait plus aucune obligation de redescendre dans la matière... Il était ici pour une autre raison. Alors, je lui ai demandé si c'était vraiment la manière dont il voulait célébrer la fin de ce très long cycle de réincarnation, dans lequel il était depuis des siècles ?... Si oui, je l'accepterai.
Soit je lui apportais un peu de chaleur avec mes bras, des mots doux dans son oreille, et de la musique d'autres coeurs comme lui, pour lui montrer comment on peut faire de la lumière avec les plus petites choses. Je lui dirais que l'Amour est partout, même s'il faut savoir toucher les profondeurs abyssales de ce monde pour le retrouver. Que ça fait partie du jeu, et que plus on joue, plus on est amené à nager profond et en même temps à voler haut, si haut. Je lui précisais que je ne lui enlèverai pas sa peine, ni la douleur, car c'était là la plus belle preuve de l'Amour qu'il portait. Même si les notes bleues et roses qu'il portait ne résonnaient pas dans ce monde... Je lui rappelais que peut-être son Amour n'appartenait tout simplement pas à cette planète ou à cette galaxie, et qu'il n'était pas là par hasard. Je lui dis que je serai à ses côtés pour l'encourager, lui offrir mon soutien, et ma voix pour le bercer. Qu'on passerait du temps ensemble pour apprendre à se re-dé-couvrir, encore une fois... encore UNE.
Il m'a regardé silencieusement, entre deux battements. Et alors que la pluie s'était arrêtée, dans un profond silence, il me répondit :
Oh... c'est si beau... Tu entends cette musique ?
Écriture intuitive - Exemple d'art-thérapie (sans retouches)